L’école inclusive : apprendre ensemble pour vivre ensemble

L’école inclusive : apprendre ensemble pour vivre ensemble
11.10.2012 Réflexion sur Temps de lecture : 6 min

La lettre d’opinion n°13, septembre 2012 : Réflexions et orientations de l’Association des paralysés de France

Le 5 juillet dernier, le gouvernement a lancé la concertation nationale Refondons l’école de la République avec un objectif : une loi de programmation dès l’automne. Un chantier ambitieux autour de thèmes tels que « La réussite scolaire pour tous », « Les élèves au cœur de la refondation », « Un système éducatif juste et efficace », « Des personnels formés et reconnus ».

Une ambition qui doit être à la hauteur de la société que l’on veut pour demain : pour une société du « vivre ensemble », encore faut-il une école du « apprendre ensemble », c’est-à-dire une école ouverte à tous et qui sache s’adapter aux besoins de chacun, une école inclusive !

Et la France a du retard dans ce domaine alors que des pays tels que l’Islande ou l’Angleterre sont déjà dans ce processus et que des instances internationales s’en sont saisis depuis longtemps. Ainsi, l’Unesco, dans ses Principes directeurs pour l’inclusion édités en 2005 explique :

L’inclusion est considérée comme un processus visant à tenir compte de la diversité des besoins de tous les apprenants (…). Elle suppose la transformation et la modification des contenus, des approches, des structures et des stratégies, avec une vision commune qui englobe tous les enfants de la tranche d’âge concernée, et la conviction qu’il est de la responsabilité du système éducatif général d’éduquer tous les enfants. L’inclusion a pour objet d’apporter des réponses adéquates aux besoins d’apprentissage très divers qui s’expriment dans le cadre de l’éducation formelle et non formelle. (…) 

L’école inclusive n’est donc pas une utopie, mais le processus ne peut aboutir que si la France se donne les moyens, c’est-à-dire pense différemment les finalités de l’école, le système scolaire et ses acteurs que sont élèves, enseignants et autres professionnels du système, parents et partenaires !

Former des êtres pensants ou des êtres passifs : quelle ambition pour les citoyens de demain ?

Quelles finalités pour l’école ? C’est la première question à se poser si l’on entend refonder l’école de la République. De la réponse donnée dépendent les choix de mise en œuvre et le résultat : une école inclusive ou pas ! L’école doit-elle développer l’esprit criti- que, apprendre à penser par soi-même, apprendre à apprendre, reconnaître l’autre « différent » comme son égal, former des citoyens libres en capacité de vivre ensemble ou délivrer le maximum de savoirs aca- démiques possibles, exclure ceux qui n’entrent pas dans le moule et/ou ne parvien- nent pas à s’adapter au système tel qu’il existe, entériner une société discriminante et inégalitaire ?

Comme le soulignent les Principes directeurs de l’UNESCO pour l’inclusion : « Si d’importantes raisons humaines, économi- ques, sociales et politiques justifient l’adop- tion d’une politique et d’une démarche d’éducation inclusive, celle-ci est aussi un moyen d’assurer l’épanouissement de cha- cun et d’établir des relations entre les indi- vidus, les groupes et les nations ». Il est en effet légitime de penser que des enfants qui « apprennent ensemble » apprennent également à « vivre ensemble ».

Une école pour tous

Le principe d’une école inclusive est une école conçue pour tous avec tous, qui s’adapte à chacun selon ses capacités et ses besoins. Elle nécessite donc de repenser le système scolaire. Ainsi, toujours selon l’UNESCO :

La démarche de l’éducation inclusive consiste à chercher comment trans- former les systèmes éducatifs et les autres cadres d’apprentissage pour les adapter à la diversité des apprenants. Elle a pour objet de permettre tant aux enseignants qu’aux apprenants de se sentir à l’aise avec la diversité et d’y voir un défi et un enrichissement pour l’environnement d’apprentis- sage plutôt qu’un problème.

Le système scolaire doit donc être plus individualisé, permettant alors aux ensei- gnants d’accompagner chaque élève, en fonction d’objectifs fixés en fonction de ses capacités quelles qu’elles soient, mais aussi de les évaluer sans les dévaloriser. Ce qui nécessite évidemment plus d’enseignants que de classes, afin de fonctionner pargroupes de niveaux, d’intérêts, de projets…, mais aussi une formation des enseignants à l’accueil de la différence et à l’adaptation de la pédagogie aux capacités de chacun avec pour corollaire des rythmes, des programmes, des méthodes d’enseignement et un système d’évaluation adaptés à la diversité des élèves.

Une école avec tous

L’école inclusive c’est certes une école pour tous mais aussi une école avec tous. Ainsi, enseignants bien sûr, mais aussi autres professionnels du système scolaire, élèves, parents et partenaires extérieurs ont une place à avoir, un rôle à jouer. Il suffit de mettre en place des mesures sim- ples comme, par exemple : le décloisonnement avec la mise en place de groupes de niveaux ; la fluidité des parcours ; la pair émulation avec le développement de l’entraide et du tutorat entre élèves ; l’accueil des parents dans l’école comme des alliés dans la mise en place des réponses adaptées à leurs enfants ; la prise en compte du monde extérieur (culturel, médico-social, de l’entreprise) comme partenaires d’une ouverture effective de l’école.

L’école est bien souvent le reflet de la société et un vecteur de transformation. Le système éducatif doit être capable d’offrir les moyens de compenser les inégalités sociales et territoriales. En mai 2007, Koïchiro Matsuura, directeur général de l’UNESCO, écrivait :

La réalisation du droit à l’éducation représente le fondement néces- saire sur lequel construire une société véritablement inclusive, dont tous les membres apprennent ensemble et participent sur un pied d’égalité. (…) Assurer une éducation de qualité pour tous demeure l’un des enjeux les plus ambitieux de notre époque. Pourtant, avec des législations et des politi- ques efficaces, il est possible de créer un monde d’inclusion. (…) 

Il n’y a plus qu’à !

 

La lettre d’opinion de l’APF, n°13, septembre 2012  : Réflexions et orientations de l’Association des paralysés de France
http://www.reflexe-handicap.org/
Pour consulter la lettre d’opinion en version pdf, cliquez sur La lettre d’opinion de l’APF.

 

Retour aux articles de la rubrique « Scolarité »
Aller au contenu principal