Les colonies de vacances avec Wakanga, vous connaissez ?

Les colonies de vacances avec Wakanga, vous connaissez ?
19.06.2015 Expériences et initiatives Temps de lecture : 7 min

Une association fondée en 2008 par un groupe de directeurs et d’animateurs volontaires de colonies de vacances, soucieux de proposer des séjours de qualité autour d’un projet éducatif ambitieux

Cela fait maintenant plus de cent ans que des milliers d’enfants partent en colo chaque été dans des structures de vacances collectives. Créées initialement pour envoyer les enfants malades des villes se refaire une santé à la campagne, les colonies de vacances ont rapidement évolué.

D’abord pour devenir des avant postes politiques ou religieux dans l’objectif d’éduquer les enfants à certaines valeurs dès leur plus jeune âge sous couvert de vacances dépaysantes. Et plus récemment, les colos sont devenues un mode de garde presque comme les autres pour des parents soucieux de ne pas laisser leurs enfants livrés à eux même.

Presque comme les autres, mais pourtant bien différent. Les séjours de vacances sont en effet une des dernières expériences de vie en collectivité qu’un enfant pourra rencontrer dans sa vie. Cette expérience immersive d’une durée moyenne d’une dizaine de jours (contre un ou deux mois il y a quelques dizaines d’années !) va en effet rassembler un groupe d’inconnu dans un cadre commun, que ce soit pour des activités ou pour la vie quotidienne. Et c’est bien le partage de cette vie de tous les jours qui fait la richesse d’un séjour contrairement au centre de loisir ou même à l’école.

C’est en partant de ce constat que notre association, Wakanga, a conçu ses colonies de vacances dès le lancement du projet, en 2008. Nous ne souhaitions pas prendre le virage que de nombreux confrère commençaient à aborder, à savoir la marchandisation des vacances pour enfants. Il nous semblait à l’époque important de nous démarquer en affirmant qu’une colo réussie n’est pas un empilage d’activité de consommation mais au contraire une expérience de vie en collectivité bénéfique au développement de chacun.

Pour affirmer ce choix, nous avons construit un projet éducatif engagé. Ce document, obligatoire pour tous les organisateurs de colonie de vacances, doit présenter aux parents les orientations éducatives retenues sur le terrain. Cela devrait en théorie permettre aux parents de choisir un séjour pour leur enfant en toute connaissance de cause. Malheureusement de nombreux organismes préfèrent aujourd’hui mettre en avant des activités exceptionnelles plutôt que des choix pédagogiques argumentés.

Nos intentions éducatives sont pour leur part au nombre de cinq. Elles dressent le squelette de la pédagogie mise en place par chacune de nos équipes durant les vacances. Et pour en faciliter la lecture, elles sont imprimées dans un petit magazine ou de nombreux exemples les mettent en perspective. Petit tour d’horizon de ce qui fait une colo Wakanga.

wakanga3Pour nous, les vacances doivent bien sur s’inscrire dans une démarche durable. L’idée n’est pas ici d’appliquer quelques simples principes d’écologie (bien qu’importants !) mais d’ancrer chaque séjour dans son milieu, qu’il soit environnemental, humain, culturel… Ainsi un séjour au bord de la mer sera forcément différent d’un séjour en montagne, de même qu’un séjour en hiver ne fonctionnera pas comme un séjour en été. Ainsi les enfants découvrent des lieux et des habitudes qu’ils ne connaissent pas pour, bien longtemps après, comprendre la nécessaire préservation de nos lieux de vie.

Il nous semble que les colos sont également un formidable lieu d’apprentissage de l’autonomie. En vacances, on a le temps ! Le temps d’apprendre à faire ses lacets, d’apprendre à s’occuper de son linge, d’apprendre à cuisiner… Chaque instant du séjour, qu’il s’agisse d’une activité ou d’un temps de vie quotidienne est support à des apprentissages qui sont tout sauf scolaires. Ainsi, un enfant qui mettrait les pieds en colo pour la première fois à six ans sans être trop débrouillard, devra à 16 ans (âge maximum sur nos séjours) être capable de partir seul en vacances avec ses copains, en autogestion !

Pour cela nous mettons aussi les enfants et les jeunes en position d’auteur. Ils ne vont pas simplement choisir leurs activités entre quelques choix proposés par l’adulte comme c’est maintenant le cas dans la plupart des colos (il est loin le temps des programmes totalement imposés, encore que !). Ils vont pouvoir construire toutes leurs vacances en influant sur l’organisation du séjour (horaires de la journée par exemple) et en proposant des activités qu’ils souhaitent pouvoir effectuer. Des temps quotidiens leur permettent de se réunir en commission pour, ensemble et jour après jour, dessiner les contours de leurs vacances.

Mais la plus importante de nos intentions éducatives reste certainement l’apprentissage du vivre ensemble.

Ces temps de réunion permettent aussi de traiter l’ensemble des petits soucis générés par une vie de groupe riche et intensive. Ce sont bien les enfants d’aujourd’hui qui seront les citoyens de demain. Alors si l’on veut que ceux-ci réussissent à tenir leur rôle au mieux, il nous semble important de les y préparer. Or rien de tel qu’une colo pour cela. Les enfants y vivront en accéléré bien des problématiques de société et apprendront à donner leur avis tout en écoutant celui des autres. Ils grandiront donc en s’entraidant et en se confrontant les uns aux autres, le tout dans un cadre évidemment contrôlé par l’adulte.

L’association défend enfin l’accès aux vacances, pour tous. Cette accessibilité est indispensable pour garantir une véritable mixité sur nos séjours, qu’elle soit géographique, culturelle, sociale… Malheureusement, avec le temps les colos deviennent de plus en plus difficilement accessibles financièrement pour les classes moyennes. Peu d’aides sont en effet destinées à cette catégorie de la population, créant parfois un vide entre les enfants issus de familles défavorisées et ceux issus des fameuses CSP+. Pour autant des dispositifs existent, comme notre bourse d’aide au départ d’un montant de 100€ à destination des enfants n’étant jamais partis en colo.

Et pour aller plus loin que la simple accessibilité financière, nous travaillons également à accueillir des enfants en situation de handicap. Si nos colos ne rentrent pas dans la catégorie des séjours adaptés, ce n’est pas neutre. Nous pensons en effet que l’inclusion, quand elle est possible, est bien plus bénéfique que ce soit pour le jeune concerné comme pour le groupe. C’est ainsi que chaque année nous accueillons sur nos séjours des enfants en situation de handicap physique ou mental. Cela est préparé longtemps à l’avance par le directeur et la famille afin d’identifier les besoins particuliers devant être pris en compte. Quand cela est vraiment nécessaire, il arrive qu’un animateur supplémentaire soit recruté, mais dans la plupart du temps, le simple fait d’être entouré d’enfants valides « donne des ailes » à celui qui l’est moins.

A l’heure actuelle, Wakanga fait partir près de 1500 enfants en vacances aux vacances d’hiver, de pâques et d’été. Cela est rendu possible par la présence de trois salariés permanents issus du monde des colos et qui continuent chaque année à diriger ou à animer. Mais c’est surtout l’investissement continu des bénévoles de l’association (à l’origine tout à la fois des orientations politiques de notre mouvement et d’une partie de sa gestion) et l’engagement fantastiques des dizaines d’animateurs, de directeurs et de personnels techniques qui permettent la réussite de ce projet à rebours de la conjecture.

wakanga2Oui les colos reculent. C’est vrai, de moins en moins d’enfants réussissent à en bénéficier. Mais alors que les bienfaits de tels séjours ne sont plus à démontrer, surtout au regard de l’actualité sociétale, il serait peut être temps d’essayer d’inverser la tendance. Malheureusement, ni l’état par l’intermédiaire du ministère de la jeunesse et des sports, ni la plupart des organisateurs eux même ne jugent nécessaire de communiquer plus largement autour de nos activités. Dommage, car les colos sont bel et bien un espaces passionnants, ou des jeunes sont encadrés par d’autres jeunes dans un cadre que beaucoup d’autre pays nous envie, spécificité française oblige !

Alors non, les colos ne sont pas qu’un souvenir du passé. Partir en colonie de vacances, c’est une chance quand on est enfant. Tentons de la préserver le plus longtemps possible !

https://www.wakanga.org/

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