Accueillir des enfants en situation de handicap en accueils collectifs de mineurs

Accueillir des enfants en situation de handicap en accueils collectifs de mineurs
03.12.2019 Réflexion sur Temps de lecture : 9 min

Préparer, observer, adapter : une démarche pour l’accueil d’un enfant en situation de handicap en structure collective de loisirs.

Pendant l’accueil l’enfant vit son expérience collective et l’équipe d’encadrement anime, observe, intervient, évalue et adapte.

Cet article est un extrait du guide « Réussir l’accueil d’enfants en situation de handicap. Méthodologies pour les accueils collectifs de mineurs »

Organiser les adaptations pédagogiques pour l’accueil de tous

Le droit à l’accueil de la personne en situation de handicap engendre une exigence éducative pour les structures de loisirs éducatifs. Il n’existe aucune recette miracle pour accueillir un enfant en situation de handicap. Il faut donc construire des solutions éducatives pour répondre aux besoins particuliers de tous les enfants. Inventer des solutions, c’est trouver des adaptations par la mise en œuvre d’une pédagogie différenciée.

Favoriser l’accès aux espaces éducatifs d’un enfant en situation de handicap, c’est surtout créer les conditions optimales d’accueil pour la diversité des enfants. Il faut anticiper et réaliser des choix éducatifs et pédagogiques au sein des structures.

Nous présentons ici des aménagements pédagogiques favorisant l’accueil de tous.

Le rythme de l’accueil : s’ajuster aux besoins de l’enfant, aux contraintes des familles et évoluer progressivement

Rendre possible l’accueil d’un enfant sur des séquences de 2 heures, en demi-journées avec ou sans le repas constitue un premier paramètre d’adaptation pour l’inclusion. Au début d’un accueil en particulier, la démarche de proposer un temps de présence ajustable au sein de la structure permet à un enfant potentiellement fatigable, angoissé ou sensible à la vie en collectif d’y accéder plus sereinement.

L’enfant et l’équipe prennent ainsi leurs repères au fur et à mesure. Il est préférable de commencer l’accueil sur des séquences qui augmentent progressivement plutôt que l’inverse. Les familles voient ainsi l’évolution positive du projet.

Toutefois, tous les enfants en situation de handicap n’ont pas besoin d’un rythme d’accueil aménagé. Les parents qui travaillent ou qui ont besoin de temps doivent pouvoir envisager un mode d’accueil classique. Il est pertinent de pouvoir moduler le rythme d’accueil d’une journée mais aussi de la semaine. C’est dans les discussions entre la famille et la direction du centre que les choix sont définis. Il est alors pertinent d’adapter la tarification pour un accueil modulé.

Exemple de R : il débute son accueil l’été par des matinées au centre de loisirs. Après trois séquences la première semaine et la réalisation d’un premier bilan, la famille et l’équipe décident d’augmenter le temps d’accueil. La seconde semaine, il vient les trois matinées avec le repas. Sa mère vient le récupérer à 13h30.

Le groupe d’accueil : ne pas se focaliser exclusivement sur l’âge de l’enfant

Il est intéressant d’envisager la liberté dans la constitution des groupes d’accueil. La grande majorité des structures fonctionnent par classes d’âge. Pour un enfant qui présente des centres d’intérêt ou des relations plus en adéquation avec la classe d’âge inférieure ou supérieure, il peut être pertinent d’ajuster le choix du groupe de vie au regard de ce besoin.

Un enfant de 6 ans peut ainsi intégrer le groupe des 4/5 ans car les activités proposées et le rythme de ‘accueil peuvent mieux lui convenir. Celui-ci peut intégrer éventuellement le groupe des 8/9 ans à l’analyse de ses capacités. Cette adaptation peut être temporaire ou régulière, elle représente un paramètre d’adaptation concret. Parfois permettre à un enfant de changer de groupe en fonction du projet proposé peut être intéressant.

Exemple d’E : Au regard de l’identification des besoins d’E (5 ans), l’équipe, avec l’accord de la famille, décide de l’accueillir sur le groupe des 3-4 ans. Ce choix est réalisé car le projet du mois se centre sur la thématique des animaux et ce groupe présente un effectif plus restreint. E. adore le monde animal, ce qui lui permet de mieux s’impliquer dans les activités, d’autant plus qu’il est à l’aise en petit groupe. L’équipe s’est appuyée sur la première semaine pour observer la pertinence de cet aménagement, en se laissant la possibilité de réguler et de basculer sur le groupe des 5-6 ans.

La gestion des groupes et son encadrement : favoriser les petits groupes pour augmenter la disponibilité des animateurs

La qualité des relations sociales est impactée par l’effectif d’un groupe. Ainsi tous les enfants ont des comportements différenciés, plus ou moins adaptés, en fonction du nombre d’enfants constituant le collectif. L’attention portée par l’équipe d’animation à la constitution des groupes représente un enjeu d’adaptation pour favoriser l’accueil de tous.

Lorsque les groupes sont organisés avec des effectifs réduits, la pression du collectif est diminuée, les relations entre les enfants sont potentiellement apaisées et la disponibilité de l’animateur est développé. Il est donc préférable d’organiser régulièrement des séances en proposant plusieurs ateliers, pôles pour favoriser des groupes à effectif réduit. Cette pratique ne doit pas exclure la démarche d’animation en grand groupe, mais il faut trouver un équilibre entre les choix des supports d’animation, les pratiques pédagogiques et les besoins des enfants accueillis.

Exemple de C : Deux animateurs organisent une séance d’activité manuelle avec un effectif de 21 enfants. Ils font le choix de proposer 2 pôles pour diminuer le nombre d’enfants autour d’un même espace de création. Au regard des besoins de C., ils décident également de constituer ces deux groupes à effectif égal : le groupe de C. est de 8 enfants et le deuxième groupe en compte 13. Cette stratégie permet à l’animateur d’augmenter son attention à destination de C. qui a besoin de recevoir régulièrement les consignes d’un adulte, tout en maintenant un cadre collectif.
Exemple de B. : Deux animateurs organisent un tournoi sportif avec 23 enfants. Ils constituent 4 équipes et non 2, pour diminuer le nombre de joueurs pendant le match. L’objectif est de permettre à B., qui présente des difficultés à entretenir des relations sereines avec plusieurs copains (opposition, conflits, agressivité), d’avoir moins de partenaires, avec lesquels il développera plus facilement des relations adaptées. Un animateur s’occupe des matchs, tandis que l’autre est à l’espace détente pour réaliser des affiches des supporters. Accessoirement, cela limite aussi l’enjeu de la compétition.

L’aménagement des espaces de vie : favoriser les libertés de déplacement et faciliter les repères des enfants en donnant des fonctions, du sens

L’aménagement des espaces de vie à l’intérieur du centre comme à l’extérieur représente un paramètre important pour favoriser l’accessibilité des enfants avec une mobilité réduite. Il est également un enjeu pour faciliter les prises d’initiative des enfants.

L’absence de structuration peut engendrer de l’instabilité, en particulier pour un enfant qui a besoin d’un cadre défini et structurant pour évoluer. A l’opposé, si l’espace est trop riche d’éléments, de supports et de jeux, l’enfant peut être en difficulté pour orienter son activité.

Les espaces d’accueil doivent être réfléchis et organisés car ils donnent du sens, des repères aux enfants. Une salle d’activité pour les jeunes enfants ne s’aménage pas de la même manière qu’un espace pour les plus grands qui n’ont ni les mêmes besoins ni les mêmes capacités de lecture de d’analyse de leur environnement.

La disposition du mobilier, le positionnement des jeux et des espaces de rangement contribuent à donner du sens à des enfants qui ont tendance à être dispersés, en difficulté de repérage dans l’espace ou pour faire des choix de manière autonome.

Les principes de base souvent développés par l’équipe d’animation sont l’agencement de plusieurs espaces différenciés et structurés : de lecture, artistique (dessin, découpage, collage,…), de jeux de construction, de jeu de société.

Exemple de L. : l’équipe a aménagé les espaces, en particulier la salle de son groupe, pour lui permettre de se déplacer avec son fauteuil électrique. Les distances nécessaires (tables, armoires, chaises) ont été régulées pour lui permettre de circuler sans contrainte. Les tables ont été surélevées pour qu’elle puisse jouer à une hauteur confortable, et des tapis ont été installés pour lui permettre de jouer au sol avec ses camarades.
Exemple d’A. : Pour lui permettre d’alterner entre les temps de participation collectifs et les moments réguliers où il souhaite s’isoler, l’équipe a organisé la salle en créant un coin ressource avec des tapis et une tente pour qu’il puisse s’extraire du groupe. Les animateurs ont expliqué la fonction de cet espace ressource et son intérêt pour les besoins d’A. Il reste toutefois accessible aux autres enfants en fonction de leurs besoins, ce qui permet à A. de progresser à son rythme dans sa capacité de jouer en groupe.

La communication : adapter les langages et diversifier les supports pour favoriser la compréhension de tous

Dans un accueil collectif de mineurs, les animateurs, les enfants et les parents sont au quotidien en train de parler et d’échanger : présenter des consignes, expliquer des règles, exprimer ses ressentis, donner son avis, réguler un conflit. Cela implique de réfléchir aux modalités de communication pour permettre à tous de comprendre le contenu du message et d’être compris.

Le langage oral est le support principal de communication utilisé en structure. Il est important de l’adapter en particulier pour des enfants qui ont des difficultés de compréhension. Pour les animateurs, s’exprimer avec des mots simples, réaliser des phrases claires et pas trop longues, donner des consignes au fur et à mesure de la réalisation de l’activité, éviter le second degré ou les formules imagées, privilégier les formulations positives, parler en modulant l’intensité de sa voix sans crier sont des principes pratiques pour bien communiquer.

Il est également conseillé de privilégier une communication anticipée, en énonçant les règles et les attentes avant la mise en activité. Cela permet à l’enfant d’avoir une ligne directrice qui guide son action. Pour toutes les transitions, il est également pertinent d’anticiper les changements en informant les enfants de l’évolution de l’emploi du temps.

Il est conseillé également d’enrichir la communication orale par l’utilisation de supports visuels. L’utilisation d’images, de démonstrations, d’affiches permet de faciliter l’accès aux informations, en particulier pour les enfants ayant des besoins particuliers.

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