Des mamans d’enfants différents racontent l’amitié

Des mamans d’enfants différents racontent l’amitié
30.09.2022 Témoignages Temps de lecture : 4 min

Des mamans témoignent de l’amitié, un aspect si important dans leurs vies, surtout lorsqu’elles sont bousculées par le handicap d’un enfant

Le handicap d’un enfant compromet parfois les relations sociales et amicales. Comment faire face à l’incompréhension ou à la peur, pour préserver ses liens d’amitié ?

« Le handicap n’est pas responsable des maux d’amitié » « Avec le temps qui passe, les liens avec nos amis s’effilochent petit à petit. Je pense qu’on aurait connu le même élagage si notre enfant n’avait été atteint d’aucune pathologie. C’est un phénomène naturel. Chacun construit sa vie, ça impose de faire des choix où les amis n’ont pas toujours leur place. Alors on rencontre de nouvelles connaissances qui à leur tour deviennent parfois des amis. Je suis convaincue que le handicap n’est pour rien dans les maux d’amitié, si ce n’est qu’il accélère les choses. Parfois cette rupture est de notre ressort : avec le handicap on a tendance à se refermer sur nous-même. » Marie-Stéphanie, maman de trois enfants dont Clémentine, 11 ans, atteinte du syndrome de Dravet.


« Quand notre fille était petite, son handicap créait un malaise » « Quand Nathalie était petite, une gêne s’était installée avec les amis de longue date non concernés par le handicap. Ils n’osaient pas parler des progrès de leurs enfants de peur de nous froisser. Nos amis s’excusaient presque de la comparaison en défaveur de notre fille handicapée, ce qui créait un malaise. Ils cherchaient à trouver un truc positif, au détriment des autres membres de la fratrie. Une parti du « naturel » dans la relation s’est perdu. C’était beaucoup plus simple avec la famille. » Nathalie, maman de trois enfants dont Blandine, 22 ans, atteinte d’une infirmité motrice d’origine cérébrale.


«  L’arrivée de Yoan et de sa trisomie a continué d’enrichir nos relations avec nos amis » « J’ai énormément investi sur l’amitié. Quand on habitait Paris, on faisait des allers-retours à Lyon avec nos enfants pour entretenir notre relation avec nos amis. De retour à Lyon, on a continué d’être très présents, à organiser des soirées pour les réunir. On a autant besoin d’eux qu’ils ont besoin de nous. Yoan et sa trisomie n’ont rien changé, si ce n’est enrichir nos copains. Quand ils parlent de mon fils à l’extérieur, ils disent « notre enfant trisomique ». Comme s’il leur appartenait un peu à eux aussi. » Anne, maman de trois enfants dont Yoan, 15 ans, avec une trisomie 21.


« Je voudrais être autre chose que la mère d’une petite fille handicapée, avoir une identité à moi » « Depuis que Anna est née je vis beaucoup autour de son handicap, ses visites chez le médecin, pour le matériel orthopédique… Sa pathologie est si lourde qu’elle me prend énormément de temps et d’énergie. Je voudrais avoir une identité différente de celle de la mère de la petite fille handicapée, mais j’ai du mal à exister en dehors de cette image. Le regard extérieur se pose sur la différence avant tout, ça m’empêche de m’affirmer autrement. Pourtant je suis aussi une femme, une de celles qui aiment rire et s’amuser. » Aude, maman de deux enfants dont Anna, 4 ans, polyhandicapée


« Le handicap a changé mon rapport aux autres, mais il m’a avant tout changé moi, profondément » « Le handicap m’a changé moi, donc mon rapport aux autres. Il a aussi fait évoluer mon regard sur les autres et sur le monde. J’ai appris à sélectionner mes amis autrement. Certains sont partis, d’autres sont restés, et de nouveaux amis sont entrés dans ma vie. Ça s’est fait naturellement, avec le temps. L’inconnu fait peur et malheureusement le handicap en fait partie. Ça a poussé certains de mes amis à prendre la fuite. » Angeline, maman de deux enfants dont Romain, 36 ans, atteint d’une infirmité motrice d’origine cérébrale sans atteinte intellectuelle


« Pour garder ses amis il faut savoir en prendre soin » « L’évolution des relations d’amitié s’effectue dans les deux sens. On a tendance à oublier que le monde ne tourne pas autour de nous et du handicap. Il faut laisser aux amis la possibilité de se faire une place.  Pour les garder, il faut savoir rester ouvert et continuer d’écouter leurs difficultés. Car eux aussi, à leur niveau, ont leurs lots de chagrins, de joies et de peines. Les amis sont essentiels, ils m’apportent l’équilibre qui m’est nécessaire. Je fais de mon mieux pour les garder auprès de moi. » Michèle, maman de Benoit, 20 ans, avec une trisomie 21.


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