Cheval et Différences

Cheval et Différences
09.07.2018 Réflexion sur Temps de lecture : 7 min

Le cheval et les publics en situation de fragilité et/ou de handicap dans les activités équestres adaptées

Le cheval, être sensible, actif, et au besoin porteur (et tracteur…), est un partenaire efficace et un support affectif fort pour les activités visant l’épanouissement physique, psychique, cognitif et social des individus.

Au sein de notre société, les différentes situations de fragilité et/ou de handicap ont en commun qu’elles génèrent presque systématiquement une difficulté, au niveau de l’autonomie, des relations humaines, et/ou, très fréquemment, de l’aisance corporelle et de la confiance en soi.
Pour tous ceux qui le côtoient, le cheval (ou le poney) est d’abord, par sa présence, imposante et néanmoins sensible, muette mais réactive, un excellent partenaire et «support» d’activité, de communication et de médiation, doublé d’un relais affectif avéré.

le cheval, partenaire actif des activités équestres adaptées.

Le cheval amène la personne qui entre en relation avec lui à être actrice et communicante ; il lui donne alors une réponse comportementale sans équivoque et dénuée d’interprétation : avec le cheval, pas de jugement sur la personne mais une réponse directe à ses actes, à son attitude, à ses demandes.

Par ailleurs, le cheval est un partenaire d’expérience qui offre un large panel de possibilités et de situations structurantes à toute personne partageant un moment ou une activité avec lui : tout à la fois il porte et berce, s’attelle, doit être brossé, nourri, pris en charge avant et après sa participation à une activité, être entretenu musculairement et dans son éducation, et côtoyé dans un climat de calme, de confiance et de respect.

Sa capacité à mémoriser les situations, son sens aigu de l’observation et son adaptabilité permet à l’Homme, depuis des siècles, de l’associer à des activités très variées.
Vis-à-vis des personnes en situation de fragilité, bon nombre d’équidés adoptent, souvent et naturellement, une attitude attentive et adaptée.

Atelier pratique positionnement de l accompagnant Magali Ouacif Ph2.jpgSon mode de communication intuitif et ses perceptions subtiles permettent à de nombreuses personnes en situation de handicap (entre autres les personnes non verbales, les personnes avec Trouble du Spectre Autistique, …) d’entrer en relation avec lui beaucoup plus facilement que la plupart des individus dits «valides».

Concrètement, s’en occuper et pratiquer une activité avec lui :

  • stimule notoirement les fonctions musculaires, neurologiques, cognitives (et digestives, notamment pour les personnes à mobilité très réduite lorsqu’elles sont mises à cheval) ; 
  • responsabilise vis-à-vis de l’animal, des tiers, de soi-même ; 
  • amène à dominer ses appréhensions et à s’affirmer face à un animal valorisant et imposant, dont l’hypersensibilité dévoile l’individu à lui-même dès les premières minutes ; 
  • favorise la perception du schéma corporel et de l’équilibre ; 
  • facilite le repérage dans l’espace et dans le temps ; 
  • demande une succession ordonnée et logique de gestes psychomoteurs variés, précis, fins, dans les actions de panser, curer les pieds, harnacher, ou garnir (attelage),… ; 
  • améliore la coordination motrice, amène à une anticipation des gestes, affine leur précision et leur contrôle, implique précision et clarté des intentions, … dans l’action de diriger un cheval à pied, monté ou attelé ;
  • implique d’aller vers un respect rigoureux de consignes de sécurité, et en groupe, vers un travail en équipe cohérent (en particulier en attelage) ; 
  • permet à chacun, au-delà de sa singularité et de ses possibilités et limites, de vivre un moment d’échange, de partage et de communication avec un être très réceptif.

Atelier pratique positionnement de l accompagnant Magali Ouacif Ph4.jpg

Les activités équestres adaptées

Objectifs, mise en place des séances. 

Les objectifs de ces activités de plein air peuvent être variés : entretien physique, loisir, communication, stimulation psychomotrice et cognitive, objectif à visée éducative, relationnelle, inclusion sociale (ou à l’inverse, «pause sociale»), compétition, travail en équipe … 

Un objectif thérapeutique est envisageable dans la mesure où la séance est organisée et encadrée avec un thérapeute. 

Les objectifs conditionnent bien évidemment la mise en place de l’activité, qu’il est essentiel de déterminer en amont, de façon concertée entre les différents partenaires: le participant (et ses parents ou tuteurs selon la situation), son (ses) éventuel(s)accompagnant(s) et porteur(s) du projet, l’encadrant équestre. 
Les activités se situent avec et autour du cheval, et éventuellement sur le cheval (monter le cheval n’est pas une fin en soi). 
Elles pourront être choisies et déterminées en fonctions des désirs et des objectifs du participant ou du groupe de participants, de l’objet et de la nature du projet, des moyens mis en œuvre par les demandeurs (accompagnement, transport, budget), des possibilités du lieu d’accueil (infrastructure, cavalerie, matériel, créneaux horaires, compétences, motivations, fonctionnement pédagogique et éthique de l’équipe encadrante).

Activités et disciplines équestres multiples

Le panel des activités équestres est large : équitation classique, équitation d’extérieur, attelage, travail à pied, voltige, jeux équestres, endurance, archerie équestre, équitations de travail, … 

Utilisation de techniques et de matériel adaptés, pédagogie différenciée.

Un matériel adapté (sellerie, accessoires, montoirs, …) et des techniques spécifiques, permettent, pour les personnes dont le(s) handicap(s) demande des aménagements, d’améliorer la sécurité, l’autonomie et le confort de leur pratique.

Une pédagogie individualisée offre la possibilité à chacun d’évoluer avec le cheval, dans tous les sens du terme. Elle s’élabore en fonction des désirs et des besoins de la personne, de sa singularité, et s’appuie sur un partenariat étroit avec elle, le cheval, et les éventuels accompagnants (famille, éducateurs, animateurs, …).
Ainsi, spasticité, troubles de l’équilibre, laxité, instinct de conservation altéré, paraplégie, tétraplégie, troubles mentaux ou psychiques sévères, polyhandicap, … ne sont pas nécessairement des freins à la pratique des activités équestres.
 

Sylvie Equifun.jpgPour conclure :
Enfin, la pratique autour du cheval, le travail à pied, ainsi que l’attelage adapté, permettent d’accueillir les personnes ne pouvant ou ne désirant pas monter à cheval.D’une manière générale, le cheval, être sensible, actif, et au besoin porteur (et tracteur…), est un partenaire efficace et un support affectif fort pour les activités visant l’épanouissement physique, psychique, cognitif et social des individus.

Mettre en présence un être humain et un cheval, c’est en soi permettre une expérimentation et une mise en relation dynamiques.

Le professionnel équestre est là pour accueillir, poser le cadre de l’activité, sécuriser, veiller à la mise en œuvre des séances en cohérence avec l’objectif du projet, au bon déroulement de celles-ci, à la clarté de la place et du rôle de chacun (encadrant, accompagnants, bénévoles/aides, …), au bien-être de tous. Il a en permanence à approfondir et affiner sa fonction de « traducteur », pour observer et accompagner efficacement et justement cette mise en relation.
Car en réalité, le moteur principal de la séance, quel que soit l’objectif de cette dernière, c’est la relation qui s’établit entre la personne participante et le cheval : celui-ci toujours s’implique, et agit avec justesse, dès lors que toute sa place de partenaire actif lui est laissée, que ses besoins fondamentaux sont pris en compte et respectés, que son éducation et son entretien physique et gymnastique sont effectifs et en adéquation avec le travail qui lui est demandé.

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